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Le critère du délai de récupération

En pratique, on parle couramment de retour ou de délai de récupération sur un investissement proposé. c’est l’un des critères du choix d’investissement.

Globalement, le critère du délai de récupération s’agit du laps de temps nécessaire pour récupérer l’investissement initial ou pour « reprendre sa mise de fonds ». Comme cette notion est largement répandue et employée, nous allons l’examiner et la critiquer en détail.

Définition du délai de récupération

Il s’agit du temps nécessaire pour récupérer les capitaux investis. Si l’on prévoit un investissement de 100 000, des entrées nettes annuelles de 25 000 pendant 10 ans, le délai de récupération sera de 4 ans, soit 100 000/25 000.

Après 4 ans, l’entreprise aura reconstitué le capital investi.

d = délai de récupération

I = investissement

FT = flux de trésorerie constant

d = I/FT

Si les entrées de fonds sont irrégulières annuellement, il suffit de calculer les entrées de fonds cumulées jusqu’à l’année pour laquelle le montant obtenu atteint ou dépasse l’investissement initial.

exemple d’application 1

Le critère du délai de récupération
Figure 1 Les flux monétaires nets du projet

Comme le montre la figure 1, l’investissement initial est de 50 000 $. Après 1 an, l’entreprise a récupéré 30 000 $, mais il lui manque encore 20 000 $. Le flux monétaire de la deuxième année est exactement de 20 000 $, de sorte que l’investissement est remboursé exactement en 2 ans. On peut ajouter que le délai de récupération est de 2 ans. Si on exige un délai de 3 ans ou moins, alors cet investissement est acceptable. Voici le critère lié au délai de récupération :

Un investissement est acceptable si le délai de récupération prévu est inférieur à un nombre d’années établi d’avance.

Dans notre exemple, le délai de récupération est exactement de 2 ans. De toute évidence, ce n’est généralement pas le cas.

Lorsque les nombres n’arrivent pas juste, il est d’usage de travailler avec des fractions d’année. Par exemple, supposons que le coût initial du projet est de 60 000 $ et que les flux monétaires se chiffrent à 20 000 $ la première année et à 90 000 $ la deuxième année.

Durant les 2 premières années, les flux monétaires atteignent 110 000 $, de sorte que le retour sur l’investissement s’effectue quelque part dans le courant de la deuxième année. Après la première année, le projet a rapporté 20 000 $, ce qui laisse 40 000 $ à récupérer. Pour déterminer la fraction d’année, on calcule que 40 000 $ / 90 000 $ = 4 / 9 du flux monétaire de la deuxième année. Si on suppose que la rentrée du flux monétaire de 90 000 $ se répartit uniformément au cours de l’année, le délai de récupération serait de 1 année et 4/9.

L’analyse du critère du délai de récupération

Lorsqu’on le compare à la méthode de la VAN, le critère du délai de récupération présente de sérieuses lacunes. Premièrement, pour le calculer, on se contente d’additionner des flux monétaires à venir. Comme il n’y a pas d’actualisation, on ne considère pas la valeur temporelle de l’argent.

Deuxièmement, ce critère ne tient pas compte des différences de risque, c’est-à-dire que le délai de récupération d’un projet très risqué est calculé de la même manière que celui d’un projet ne présentant aucun risque.

Le plus gros défaut de ce critère concerne probablement l’établissement d’une période limite parce qu’on ne dispose d’aucune base objective pour la choisir. Autrement dit, comme il n’existe pas de logique économique justifiant l’emploi du délai de récupération, il n’existe pas non plus de paramètres pour indiquer comment déterminer une limite. On se sert donc d’un nombre choisi arbitrairement.

exemple d’application 2

Supposons qu’on a décidé d’un délai de récupération approprié, par exemple de 2 ans ou moins.

La règle qui régit les délais ne tient pas compte de la valeur temporelle de l’argent pour les 2 premières années ; fait plus important, les flux monétaires après la deuxième année ne sont pas considérés. Il suffit d’examiner les deux investissements du tableau 1, ci-dessous, pour s’en convaincre. Les deux projets coûtent 250 $.

D’après notre analyse, le délai de récupération de l’investissement à long terme est de 2 + 50 $ / 100 $ = 2,5 années et celui de l’investissement à court terme, de 1 + 150 $ / 200 $ = 1,75 année. Avec une période limite de 2 ans, l’investissement à court terme est acceptable, mais non l’investissement à long terme

AnnéeInvestissement à long termeInvestissement à court terme
1
2
3
4
100 $
100
100
100
100 $
200
0
0
Tableau 1 Les flux monétaires projetés pour l’investissement

Le critère du délai de récupération permet-il de prendre les bonnes décisions ? Pas nécessairement.

Supposons qu’on exige un rendement de 15 % sur ce type d’investissement. En calculant la VAN de ces deux projets, on obtient les résultats suivants :

VAN (à court terme) = −250 $ + 100 $ / 1,15 + 200 $ / 1,152 = −11,81 $

VAN (à long terme) = −250 $ + 100 $ × (1 − 1 / 1,154) / 0,15 = 35,50 $

La VAN de l’investissement à court terme est négative, c’est-à-dire qu’elle entraînerait une diminution de la valeur de l’avoir des actionnaires. C’est le contraire pour l’investissement à long terme, qui augmenterait la valeur des actions.

Notre exemple met en lumière deux défauts importants du critère du délai de récupération. D’abord, comme il ne tient pas compte de la valeur temporelle de l’argent, le gestionnaire qui l’utilise peut effectuer des investissements (comme l’investissement à court terme du tableau 1) dont la valeur est inférieure à leur coût.

Ensuite, parce que ce critère ne tient pas compte des flux monétaires au-delà de la période limite, on sera amené à rejeter des investissements rentables à long terme (comme l’investissement à long terme du tableau 1). De façon générale, l’utilisation du critère du délai de récupération a tendance à favoriser le choix d’investissements à court terme.

Les aspects positifs du critère du délai de récupération

Malgré ses lacunes, le critère du délai de récupération est souvent utilisé par les petites entreprises dont les gestionnaires manquent de compétences financières, mais aussi par de grandes entreprises lorsque les décisions sont relativement peu importantes.

Plusieurs raisons peuvent expliquer ce choix ; la principale est qu’un grand nombre de décisions ne valent pas la peine d’être étudiées en détail, car le coût de l’analyse dépasserait toute perte possible due à une erreur. Sur le plan pratique, un investissement dont le retour se fait rapidement et dont les avantages se prolongent au-delà de la période limite présente probablement une VAN positive.

Dans les grandes entreprises, on prend quotidiennement des centaines de décisions concernant de petits investissements, et ce, à tous les niveaux. Par conséquent, il n’est pas rare qu’une société exige, par exemple, un délai de récupération de 2 ans sur tous les investissements de moins de 10 000 $. Les investissements supérieurs à cette somme sont soumis à un examen plus rigoureux.

On a vu pour quelles raisons l’exigence d’un délai de récupération de 2 ans pose certains problèmes. Toutefois, cette exigence permet aussi d’exercer un certain contrôle sur les dépenses et, en conséquence, de limiter les pertes possibles.

Outre sa simplicité, le critère du délai de récupération présente différentes caractéristiques qui le rendent intéressant.

Premièrement, comme il favorise les projets à court terme, il favorise aussi la liquidité. Autrement dit, ce critère donne la préférence aux investissements qui libèrent plus rapidement des fonds pour d’autres usages. Ce facteur peut être très important, surtout dans le cas des petites entreprises.

Le critère du délai de récupération présente une autre caractéristique positive (et moins controversée) : on sait que les flux monétaires prévus ultérieurement dans la vie d’un projet sont probablement plus incertains.

On peut dire que ce critère compense le risque supplémentaire lié aux flux monétaires postérieurs à la date limite, mais il le fait d’une manière assez brutale — en les négligeant totalement.

Il faut noter que certains aspects en apparence très simples du délai de récupération ne sont qu’illusoires. En effet, il faut d’abord disposer des flux monétaires et, comme nous en avons discuté plus tôt, ce n’est pas si facile. Ainsi, il serait probablement plus juste de dire que le concept de délai de récupération est à la fois intuitif et facile à comprendre.

Le critère du délai de récupération actualisé

Comme on l’a vu précédemment, un des défauts du critère du délai de récupération est de ne pas tenir compte de la valeur temporelle de l’argent. Il existe néanmoins une modification de ce critère qui permet de résoudre ce problème particulier : le délai de récupération actualisé.

Le délai de récupération actualisé est la période de temps qui s’écoule avant que la somme des flux monétaires actualisés devienne
égale à l’investissement initial. Voici la description du critère du délai de récupération actualisé : un investissement est acceptable si son délai de récupération actualisé est inférieur à un nombre d’années établi d’avance. Pour comprendre la façon de calculer le délai de récupération actualisé, prenons un exemple.

exemple d’application 3

Supposons qu’on exige un rendement de 12,5 % sur les nouveaux investissements. Les coûts de l’investissement envisagé s’élèvent à 300 $ et les flux monétaires prévus seraient de 100 $ annuellement durant 5 ans. Pour déterminer le délai de récupération actualisé, il faut actualiser chacun des flux monétaires à 12,5 %, puis les additionner.

Ce calcul est présenté dans le tableau 2, ci-dessous, où les flux monétaires actualisés et non actualisés sont indiqués. Lorsqu’on examine les flux monétaires cumulés, on constate que le délai de récupération ordinaire est de 3 ans exactement (notez la flèche à la troisième année), tandis que le total des flux monétaires actualisés n’atteint 300$ qu’après 4 ans.

Par conséquent, le délai de récupération actualisé est de 4 ans 2. Comment peut-on interpréter le délai de récupération actualisé Rappelez-vous que le délai de récupération non actualisé correspond au temps nécessaire pour atteindre le seuil de rentabilité sur le plan comptable.

Ici le délai de récupération actualisé correspond à un nombre d’années entières, ce qui n’est généralement pas le cas. Toutefois, le calcul d’une fraction d’année, avec cette méthode, étant plus complexe qu’avec la méthode du délai de récupération non actualisé, il est rarement effectué

Tableau 2 Le délai de récupération actualisé et non actualisé


Comme il tient compte de la valeur temporelle de l’argent, le délai de récupération actualisé représente le temps requis pour atteindre ce seuil, mais d’un point de vue économique ou financier. En gros, dans notre exemple, l’entreprise récupère son argent ainsi que les intérêts qu’elle aurait pu obtenir ailleurs en 4 ans.

D’après notre exemple, le délai de récupération actualisé semble être un critère très recommandable.

Pourtant, il est rarement utilisé. Pourquoi ? Probablement parce qu’il n’est pas tellement plus simple que la méthode de la VAN.

Pour calculer le délai de récupération actualisé, il faut actualiser les flux monétaires, additionner les résultats et comparer la somme au montant des coûts, comme dans le cas de la VAN. Contrairement au délai non actualisé, il n’est donc pas particulièrement facile à déterminer.

Le critère du délai de récupération actualisé présente quelques autres inconvénients de taille. Le plus important est qu’il faut choisir arbitrairement la période limite et qu’on ne tient pas compte des flux monétaires au-delà de cette limite. Il en résulte qu’un projet ayant une VAN positive peut ne pas être acceptable si la période limite est trop courte. En outre, même si un projet présente un délai de récupération actualisé plus court qu’un autre projet, cela ne signifie pas que sa VAN est plus élevée.

Tout bien considéré, le délai de récupération actualisé constitue un compromis entre le délai de récupération ordinaire et la VAN, mais il n’a malheureusement ni la simplicité du premier ni la rigueur conceptuelle de la seconde.

Néanmoins, lorsqu’on a besoin d’évaluer le temps requis pour récupérer l’argent investi dans un projet, le délai de récupération actualisé vaut mieux que le délai de récupération non actualisé parce qu’il tient compte de la valeur temporelle de l’argent. Autrement dit, il prend en considération le fait qu’on peut investir de l’argent ailleurs et en retirer un revenu, ce qui n’est pas le cas avec le critère du délai de récupération non actualisé.

Les avantages et les inconvénients du délai de récupération actualisé sont résumés dans le tableau ci-dessous.

AvantagesInconvénients
– Tient compte de la valeur temporelle de l’argent ;
– Est facile à comprendre ;
– Exclut les investissements dont l’estimation de la VAN est négative ;
– Favorise la liquidité.
– Peut exclure des investissements dont l’estimation de la VAN est positive ;
– Requiert une date limite arbitraire ;
– Ne tient pas compte des flux monétaires au-delà de la date limite ;
– Défavorise les projets à long terme tels que la recherche et le développement ainsi que les nouveaux projets ;
– Ne tient pas compte des différents risques liés aux projets

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