les théories monétaires

Les agents économiques sont différents sur le plan de détention de la monnaie. S’ils ont de la monnaie, certains d’entre eux préfèrent l’utiliser dans les transactions, d’autres par contre préfèrent l’exploiter pour en tirer profit.

Nombreuses sont les raisons pour lesquelles les agents économiques détiennent de la monnaie. Cette diversité a suscité plusieurs confrontations et controverses, ce qui a rendu ce champ plus vaste et plus complexe. Cette complexité s’explique par la multiplicité des théories qui n’ont pas un consensus commun.

Cet article a pour objectif de soulever cette ambiguïté en se limitant aux théories monétaires qui ont amplement façonné ce cadre à savoir :

  • L’analyse classique 
  • L’école de Cambridge 
  • L’analyse keynésienne 
  • L’analyse des monétaristes
  • La théorie de la monnaie endogène

Table des matières

L’analyse classique de la monnaie

Les classiques développent trois idées relatives à la monnaie :

  • La monnaie n’est qu’un moyen de transactions ;
  • La monnaie n’influence pas l’économie réelle ;
  • La monnaie influence les prix.

La monnaie un moyen de transactions

  La monnaie n’est pas demandée pour elle-même. Elle est, en fait, demandée pour ce qu’elle permet d’acquérir.

  Comme le stipule Walras, « le besoin que l’on a de la monnaie n’est autre chose que le besoin de marchandises qu’on achètera avec cette monnaie ».

   L’utilité de la monnaie est d’être un intermédiaire des échanges. Un moyen qui permet d’acquérir un bien en l’échangeant contre un autre bien à travers la monnaie.

La monnaie n’influence pas l’économie réelle : la monnaie est neutre

  Dans l’analyse classique, les biens sont demandés et offerts par les individus sur des marchés déterminés.

L’équilibre du marché se réalise indépendamment de la monnaie, en fonction de la confrontation de l’offre et de la demande. Cette indépendance s’inscrit dans le cadre d’une dichotomie qui oppose les deux sphères en séparant la sphère réelle de la sphère monétaire.

Cette théorie trouve ses assises et ses piliers dans la loi de Jean-Baptise Say, qualifiée de loi des débouchés. Cette loi assure de manière permanente l’équilibre sur le marché en agissant sur les prix. Ces fondements se présentent comme suit :

  • Si l’offre excède la demande, le prix existant doit baisser jusqu’au point où la quantité demandée sera égale à la quantité offerte ;
  • Si la demande excède l’offre, le prix doit augmenter jusqu’au point où la demande sera égale à l’offre. 

  D’après cette loi, l’offre détermine la demande et la flexibilité des prix assure de manière permanente l’équilibre de l’offre et de la demande sur tous les marchés.

La neutralité de la monnaie ne s’exprime que sur le plan instrumental où la monnaie est considérée comme un moyen d’échange. Alors que, le rôle de la monnaie en tant que « réserve de valeur» n’est nullement pris en considération, car, selon J-B. Say, personne n’a intérêt à conserver la monnaie. On vend un produit non pas pour avoir de la monnaie mais pour acheter un autre produit.

La monnaie influence les prix

  La théorie classique exige une séparation de l’économie réelle et de l’économie monétaire. La question qui se pose dès lors : Quels effets ont alors la variation de la masse monétaire ?

   C’est à ce niveau où apparaît la théorie quantitative de la monnaie qui répond à cette interrogation. Cette théorie met en relation la quantité de monnaie en circulation et le niveau des prix. Cette relation s’exprime par la célèbre équation de I. FISHER :

* M : c’est la masse monétaire qui représente la quantité de monnaie en circulation dans une économie pendant une période donnée. Cette quantité ne dépend pas dans cette théorie des besoins de l’économie, mais elle est modifiée par exemple par des entrées et des sorties de devises.

* V : c’est la vitesse de la circulation de la monnaie.

* P : c’est le niveau général des prix.

* T : c’est le volume des transactions.

Dans l’économie, l’ensemble des biens qui s’échange pendant une période déterminée correspond au volume global des transactions (T). Pour régler ces échanges, une quantité de monnaie (M) est utilisée plusieurs fois selon une vitesse de circulation (V).

La valeur des échanges (PT) doit absolument être égale aux dépenses monétaires (MV) dans cette même période, ce qui a été mis en évidence par l’équation d’ I. FISHER.

   Cette théorie suppose que les composantes V et T sont constantes sachant que la variable T ne peut être influencée par une variation de M et que le niveau de la production ne dépend que des quantités des facteurs de production (travail et capital). Si la variable M est multipliée par n, les prix sont également multipliés par n, ce qui conduit à l’inflation.

La pensée de l’école de Cambridge

L’école de Cambridge est représentée principalement par A. Marshall et A- C. PIGOU. Par ses apports, cette école ouvre de nouvelles tendances. Si I. Fisher adopte une approche par les transactions, l’école de Cambridge utilise une approche par les encaisses. Cette école a reformulé la théorie quantitative de la monnaie en vue de définir pour la première fois une fonction de demande. Cette fonction se présente comme suit :

Md = k P Y

* Md : la demande de monnaie.

* k : l’inverse de la vitesse de circulation de la monnaie (coefficient de l’utilisation de la monnaie : c’est une propension psychologique, c’est le désir de conserver des encaisses).

* P : le niveau général des prix.

* Y : le revenu réel.

  Cette approche préfère utiliser la variable « Y » au lieu de la variable « T » – considérée comme vague – pour exprimer « les flux des biens et services » produits au cours de la période d’analyse.

  La demande de monnaie est constituée des encaisses monétaires que les agents économiques désirent détenir durant une telle période. La fonction qui en découle est une fonction croissante du revenu réel et du niveau général des prix.

  Si cette école présente un intérêt considérable, l’apport de PIGOU est de grande importance. Cet économiste part d’un principe selon lequel « les agents économiques conscients de la fonction de « réserve de valeur » de la monnaie ne sont pas indifférents à la conservation de leurs encaisses pour maintenir leur pouvoir d’achat sur le marché ».

  Pour PIGOU, les individus souhaitent détenir une encaisse qui est fonction du revenu perçu. Cette encaisse permet non seulement d’assurer des transactions courantes, mais également de faire face à des besoins inattendus, ce que l’on appelle « réserve de sécurité ». Cette réserve exprime effectivement l’existence d’une demande, ce qui implique que la monnaie a une utilité propre et est demandée pour elle-même.

   Raisonnant en termes d’encaisse réelle, cet économiste met en lumière son effet, appelé « effet d’encaisse réelle ». Le principe de celui-ci réside dans le fait que les agents (individus), lors de variation des prix, égalisent la valeur réelle et la valeur nominale de leurs encaisses par un ajustement de leur consommation.

   En effet, lorsque les prix baissent, la valeur réelle des encaisses monétaires des ménages augmente. Pour rétablir cette valeur à son ancien niveau, les ménages doivent réduire leur épargne, ce qui augmente la consommation.

L’analyse Keynésienne de la monnaie

  L’approche keynésienne enrichit davantage le champ de l’étude de la demande de la monnaie et reconnaît le rôle déterminant de cet objet dans l’économie. A la différence des classiques, KEYNES ne limite pas la monnaie à la seule fonction de transactions, mais élargit son périmètre qui lui donne plus de valeur et plus de dynamisme. D’un autre côté, il aborde la question de la neutralité de la monnaie en considérant que celle-ci n’est pas neutre mais active.

Selon cet économiste, la monnaie est détenue pour d’autres motifs outre celui d’intermédiaire d’échange. Il s’agit du motif de précaution et du motif de spéculation. Le premier nécessite de conserver des encaisses pour faire face à des événements se manifestant brusquement et à des imprévus inattendus : (maladie, hausse des prix, chômage,…).

Le second, quant à lui, est le plus important et suppose que les agents économiques détiennent des encaisses monétaires pour acheter des titres (obligations) dans le moment convenable (lorsque leur prix baisse) et les revendre ultérieurement lorsque leur prix augmente.

   La demande de spéculation tend à s’accroître lorsque les taux d’intérêt sont à la baisse car dans ce cas, les agents doivent attendre la remontée de ces taux pour utiliser leurs encaisses à l’achat des titres. L’encaisse de spéculation traduit la préférence pour la liquidité des agents dans la mesure où chacun d’entre eux a le choix entre : détenir des encaisses de spéculation ou placer en achetant des titres (obligations).

   La demande de monnaie pour motif de transaction et celle pour motif de précaution dépendent du revenu et sont croissantes avec cette variable. Quant à la demande pour motif de spéculation, elle est fonction du taux d’intérêt.

   La demande de monnaie de KEYNES se présente comme suit :

DM = L1 (R) + L2 (i)

* (L1) représente la liquidité pour motifs de transaction et de précaution

* (L2) représente la liquidité pour motif de spéculation

   Au niveau de l’analyse, KEYNES distingue deux approches : l’approche mettant la monnaie en relation avec les actifs financiers et l’approche mettant la monnaie en relation avec les biens

  La première approche se base sur un choix entre la détention de monnaie ou la détention des titres. Cette relation est réglée par le concept de « préférence pour la liquidité ». Dans ce cadre, la monnaie est considérée comme une réserve de valeur, un bien qui a un rendement nul, un risque nul et ne procure aucune utilité. De là, apparaît la possibilité d’une thésaurisation, et cette monnaie réservée est appelée la monnaie oisive.

   La deuxième approche, pour sa part, s’appuie sur le choix de détenir de la monnaie ou des biens. La liquidité est alors l’instrument qui permet de réaliser les transactions (achat ou vente des biens).

La fonction de monnaie de KEYNES étant définie, mais l’analyse aborde aussi le côté de la neutralité de la monnaie. D’après cet économiste, la monnaie n’est pas neutre, par contre, elle est active. Qui dit actif, dit qu’il existe un lien entre la sphère réelle et la sphère monétaire. Ce lien est exprimé par le taux d’intérêt.

  Partant du motif de spéculation, l’approche keynésienne stipule que la monnaie agit sur le comportement des agents économiques. C’est en fonction des taux d’intérêt que les agents économiques peuvent faire leur choix.

   Le taux d’intérêt, en tant que variable monétaire, peut être influencé par l’augmentation de la masse monétaire (l’augmentation de l’offre de la monnaie). Cette variation entraîne une baisse du taux d’intérêt, ce qui encourage les agents économiques à investir. L’augmentation de l’investissement va conduire à l’accroissement de l’activité économique et donc au développement de la production et de l’emploi.

L’analyse des monétaristes

   En préambule, les monétaristes s’accordent sur une définition considérant la monnaie comme un actif comparable à tous les autres actifs qui forment le patrimoine des agents économiques.

L’un des fondateurs de l’analyse monétariste étant M. FRIEDMAN. Ce théoricien propose une nouvelle théorie de la demande de monnaie qui constitue pour lui une nouvelle formulation de la théorie quantitative de la monnaie.

   L’analyse de M. FRIEDMAN repose sur le fait que la demande de monnaie existe, qu’elle est unique c’est-à-dire qu’on ne peut pas distinguer selon la tradition keynésienne une demande de monnaie de transaction, de spéculation ou de précaution, et qu’elle relève d’un comportement général de détention de richesse. La richesse des agents économiques forme ce qu’on appelle le « patrimoine ». D’après M. FRIEDMAN, ce patrimoine se compose d’éléments suivants :

  • La monnaie : c’est le seul élément au sein du patrimoine dont la valeur nominale est fixe. C’est-à-dire que ce sont les prix des autres biens qui varient alors qu’un billet de 100 euros vaut toujours 100 euros.
  • Les obligations : actifs financiers non monétaires dont le prix varie.
  • Les actions : actifs financiers non monétaires dont le prix varie.
  • Le capital physique : équipements et biens immobiliers.
  • Le capital humain : l’individu lui-même. Celui-ci peut réaliser des services contre une rémunération et investir en lui-même pour obtenir un revenu plus élevé.

   De façon générale, la demande de monnaie de M. FRIEDMAN dépend des facteurs suivants :

  • Le prix ;
  • Les rendements des différentes formes de cette richesse ;
  • Les goûts et les préférences ;
  • La richesse totale.

   A la différence des autres théories, celle de M. FRIEDMAN s’articule autour de la notion de revenu permanent en stipulant que « les agents économiques ajustent leurs encaisses non à leur revenu actuel (revenu courant) mais à leur revenu permanent en agissant sur leur niveau de consommation ».

   Sans se limiter à la présentation de la demande de monnaie, les monétaristes s’intéressent également à sa neutralité. Certains d’entre eux considèrent que la monnaie est active à court terme mais neutre à long terme, d’autres en revanche la considèrent comme étant neutre aussi bien à court terme qu’à long terme.

A court terme, une augmentation de la masse monétaire entraîne une augmentation des prix (théorie quantitative de la monnaie), ce qui implique en conséquence une augmentation des investissements. Dans ce cas, l’inflation est un stimulant aux investissements.

   Par contre, à long terme, les salariés découvrent l’inflation, ce qui les incite à manifester des revendications qui se traduisent par une augmentation des salaires. Cela engendre une augmentation des coûts de production et donc une baisse des investissements. Cette baisse entraîne à son tour une augmentation du chômage. La monnaie est neutre à long terme parce que l’effet stimulant des prix sur la production est annulé par l’augmentation des coûts de production

La théorie de la monnaie endogène

La théorie de la monnaie endogène est une approche qui soutient que la quantité de monnaie dans l’économie est déterminée par les transactions économiques elles-mêmes, plutôt que par les autorités monétaires.

Selon cette théorie, les banques peuvent créer de la monnaie en accordant des prêts, ce qui augmente la quantité de monnaie en circulation. La quantité de monnaie disponible dépend donc directement des décisions des banques sur les prêts.

La théorie de la monnaie endogène s’oppose à la théorie monetariste, qui affirme que la quantité de monnaie dans l’économie est principalement déterminée par les autorités monétaires. Elle est également différente de la théorie keynésienne de la monnaie, qui soutient que la quantité de monnaie peut être influencée par les politiques monétaires.

Cette théorie est souvent utilisée pour expliquer les relations entre le secteur bancaire et la quantité de monnaie dans l’économie, ainsi que pour évaluer les effets potentiels des politiques monétaires sur les banques et sur l’économie en général.

Conclusion

Ces théories monétaires sont souvent utilisées par les économistes et les décideurs politiques pour comprendre les effets de la politique monétaire sur l’économie et pour formuler des politiques économiques appropriées.

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