Malthus et la loi de la population

Thomas Robert Malthus (1766 – 1834) était le fils de Daniel Malthus, intellectuel proche de Rousseau et de William Godwin. Ce dernier était en faveur de l’assistance aux pauvres, contrairement à Malthus fils, qui lui y était donc opposé.

Malthus étudiait les mathématiques à Cambridge, 1788, il a eu son diplôme et il est devenu pasteur de l’église anglicane. En 1805, il est nommé professeur d’histoire, politique, commerce et finance. Ce titre a été changé peu après en professeur d’histoire et d’économie politique, ce qui fait que Malthus a été le premier professeur d’économie politique en Angleterre.

Son travail a commencé avec une réflexion sur l’évolution de la population qui lui a était inspiré de par la législation qui existait en Angleterre a cette époque sur l’aide aux pauvres.

Faut-il aider les pauvres ?

En Angleterre à la fin du 18e siècle, la réponse à cette question est affirmative et il existe effectivement en Angleterre depuis le début du 17e siècle des lois d’assistance aux pauvres, les « poor laws »

En 1793, la Grande-Bretagne est en conflit avec la France et ces guerres rendent les importations de blé, produits agricoles difficile (blocus continental) ce qui conduit à une augmentation du prix du pain. Ces augmentations sont amplifiées par des mauvaises récoltes ce qui crée des tensions, des émeutes et qui conduit à la mise en place en 1795 d’un barème de « Speenhamland »

Le 6/05/1795, dans le village de Speenhamland, un certain nombre de magistrats décident de mettre en place un barème de façon à garantir un revenu de subsistance aux travailleurs qui soit indépendant du travail. C’est une idée assez moderne, puisqu’elle était appliqué aussi pendant la révolution industrielle et qu’elle est toujours utilisée actuellement.

Ce barème est calculé sur le prix du pain : quand le prix du pain augmenté au-delà d’un certain niveau, le montant du niveau de subsistance variait. Chaque personne du ménage recevait un revenu d’un montant variable en fonction du statut de la personne dans le ménage.

Cet aide au travailleur pauvre a duré jusqu’en 1834 et surtout, c’est une mesure qui a eu une certaine popularité, qui s’est très rapidement répandu et qui a permis d’aider un grand nombre de famille qui avait des salaires trop faible. Les employeurs pouvaient alors réduire les salaires versés aux travailleurs, précisément parce qu’il savait que les travailleurs concernés recevraient une subsistance. Cette mesure a créé un cercle vicieux qui a fait baisser les salaires de manière très importante.

La conséquence négative, au-delà de la baisse des salaires, est que ce nouveau barème a empêché la formation d’un nouveau marché du travail car ça a supprimé la flexibilité du marché du travail, en désincitant les travailleurs, au revenu faible, de retourner au travail.

C’est dans ce cadre que Malthus va écrire son principe des populations.

La Loi de la population et « utilité » de la misère

Les lois d’aide au pauvre ont provoqué beaucoup de débats pour savoir si elles étaient légitime est efficace. En tant que défendeur de la loi, il y a eu Daniel Malthus (Père) et William Godwin.

Thomas Malthus va écrire, en réaction à ces avis favorables, un pamphlet : Essai sur le principe de population et la manière dont il affecte la société, avec des remarques sur les spéculations de Godwin, Condorcet et autres. Le pamphlet est d’abord publié de manière anonyme, connaissant par la suite un grand succès, poussant Malthus a préparé une deuxième édition qui sera publié en 1803, qu’il publiera sous son nom. Il publiera au total 6 éditions

La loi est énoncée dans le premier chapitre : Le pouvoir de la population est plus grand que celui de la terre à produire des subsistance. Il considère que la population humaine double tous les 25 ans et que le rythme de croissance de la population croît sur la base de progression géométrique. Les subsistances, elles, croissent à une base de progression arithmétique.

L’hypothèse de base est que la planète compte 1 milliard d’habitants.

En 2 siècles, la planète compterait 256 milliards d’humain et suffisamment de subsistance pour en nourrir seulement 9. Pour enfoncer le clou, 1 siècle plus tard, la planète compterait 4096 milliards d’humains et suffisamment de denrées pour en nourrir 13. Inutile de prévoir plus loin, autant pour la pertinence et la viabilité des résultats qui ont sont toutes relatives.

Deux remarques sont à faire :

Chez Malthus, les subsistances augmentent au rythme arithmétique, sans comptabiliser de baisse. Certains historiens ont défendu l’idée qu’il y aurait chez Malthus l’hypothèse d’une baisse des substances, c’est-à-dire que Malthus aurait inventé l’idée des rendements marginaux (d’échelles) décroissants.

Malthus ne croît pas dans le réalisme de ses chiffres, les tendances sont des possibilités,
des risques, car il pense qu’il y a des « freins », des obstacles qui régulent l’évolution de la
population.

Les freins qui limitent la croissance de la population

On ne peut pas agir (ou très peu) sur l’évolution des subsistances car la quantité disponible de terres est limité : il y a une rareté des terres, elles deviennent de moins en moins fertiles. La seule variable est donc la population :

Les freins préventifs :

Ce sont des mécanismes pour prévenir l’augmentation de la population. Ils sont constitués de :

  • La contrainte morale
  • L’abstinence sexuelle
  • Le contrôle des naissances
  • Le contrôle du mariage
  • L’anticipation : Les individus sont capables d’anticiper et de prévoir la misère dans laquelle il serait s’ils font trop d’enfant.

Les freins positifs (ou destructifs) :

Ce sont des mécanismes qui regroupent les occupations (activités) malsaines (mauvaises pour la santé), pénibles et dangereuses, l’extrême pauvreté, la mauvaise qualité des denrées alimentaires et l’insalubrité des conditions de vie et de travail, et les guerres.

Dans l’esprit de Malthus, il y a donc des mécanismes, dans le fonctionnement des sociétés humaines, qui freinent l’incapacité de subsistance des individus. Malthus n’est pas nécessairement Malthusien au sens où il n’est pas favorable à la misère et aux vices comme seul mécanisme de contrôle de la population.

Les grands thèmes de l’économie Malthusienne

Malthus était économiste et il a développé un certain nombre de théories économiques, en particulier, en discutant avec Ricardo et en échangeant avec Say.

Critique de la valeur travail de Ricardo

Dans la théorie de la valeur travail incorporé de Ricardo, les prix relatifs des marchandises sont proportionnels à la quantité de travail direct et indirect qui est incluse dans les marchandises.

Soit une économie à 2 secteurs d’activité dans lesquels les durées de production sont différentes et le capital utilisé est différent. Il est évident que les prix relatifs des produits fabriqués ne dépendent pas simplement du rapport entre les quantités de travail incorporé : Une théorie de la valeur travail est incapable de déterminer les prix relatifs ; il faut donc changer de théorie. Pour Malthus, la valeur dépend du travail commandé (Achat de travail). On s’éloigne de la théorie de Ricardo.

La loi de la rente différentielle

Pour Smith, la rente provient de la rareté des terres et donc de la situation de monopole du propriétaire. Pour Malthus, la rente est liée à la fertilité des sols et donc les terres permettent de dégager plus de ressources qu’il n’en faut pour faire subsister ceux qui les cultivent. La rente est alors la différence entre le produit de la vente des cultures et le coût de production. La rente, différentielle, comme plus tard chez Ricardo et Von Thünen, est reversée en totalité au propriétaire terrien.

C’est Malthus qui, en premier, a proposé cette théorie de la rente. Comme les terres mises en culture sont de moins en moins fertiles, la rente décroît.

L’importance et le rôle de la demande effective

Malthus raisonne ici via la loi des débouchés de Jean-Baptiste Say : il n’y a pas de déséquilibre durable dans l’économie car l’offre crée sa propre demande. Malthus critique alors cette loi en disant que cette demande n’est pas importante, mais l’effective l’est : la demande faite par ceux qui ont les moyens et la volonté de payer un prix suffit pour un bien mais cette demande est insuffisante pour assurer l’écoulement des biens. Il risque d’y avoir une épargne excessive qui entraîne de la sous-consommation, entrainant des déséquilibres offre/demande.

L’héritage de la pensée de Malthus

Parmi les scientifiques influencées par Malthus, on trouve deux biologistes/naturalistes : Alfred Russel Wallace et Charles Darwin, inventeurs de la théorie de la sélection naturelle (et donc de l’idée que l’évolution des espèces se fait par un processus de sélection qui garantit la survie du plus apte, le mieux adapté à leur environnement).

L’idée emprunté (à Malthus) est la suivante : les individus dans les différentes espèces produisent plus d’enfant qu’il ne peut potentiellement en survivre ; une partie de ces individus va mourir, ce qui, comme chez Malthus, garantit une régulation spontanée de la population. Il y a principe de sélection à l’œuvre dans les populations mais il y a aussi un second principe, celui de survie.

Ceux qui survivent sont ceux qui sont les mieux adaptés à leur environnement car, comme il y a trop d’individu dans la nature, il y a concurrence entre les individus et seules les plus aptes survivent. C’est cette idée que Darwin affirme, développé de Malthus ; un principe qui régule le principe de population est de même nature que celui qui régule les espèces non-humaines.

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