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Quesnay et la pensée physiocrate

A la différence des mercantilistes, la pensée physiocrate s’est développée sur une courte période (1756-1776) et uniquement dans l’espace français. C’est une véritable école avec un maître (F. Quesnay) et des disciples.

Contrairement aux mercantilistes, la pensée physiocrate occupe une place importante dans la pensée économique. La pensée physiocrate, à travers le tableau économique de F.Quesnay a exercé une grande influence sur beaucoup d’économistes. Cette pensée a contribué à la formation de la comptabilité nationale et de la macroéconomie.

L’étude des physiocrates présente un intérêt particulier non seulement par l’importance de sa contribution dans la formation de la pensée économique, mais aussi et surtout par l’actualité de certains de ses enseignements. Elle peut aider à comprendre certains problèmes de l’économie moderne tels que les famines et la dégradation de l’environnement.

Le contexte historique des physiocrates

La pensée physiocrate est apparue en France dans une période d’avant la révolution industrielle comme réaction au mercantilisme. Son agriculture était en crise à cause des politiques mercantilistes (Colbertisme) ayant favorisé l’industrie et le commerce extérieur.

La faiblesse des prix du blé jointe à une fiscalité lourde ont entrainé la multiplication des terres incultes et l’exode des ouvriers en ville. Face à cette situation économique et sociale préoccupante, la pensée physiocrate s’est développée pour le développement de l’agriculture.

L’école des Physiocrates a introduit dans la science deux idées nouvelles qui étaient précisément à l’antipode du système mercantile : l’existence d’un ordre naturel, la prééminence de l’agriculture sur le commerce et l’industrie

Agriculture : source de richesse

A la différence des premiers, la richesse d’une nation ne dépend pas de la quantité des métaux précieux dont elle dispose, mais des biens matériels nécessaires à la satisfaction des besoins de première nécessité de la nation. L’argent n’est qu’un simple intermédiaire d’échange.

Pour les physiocrates, La terre est donc la seule source de richesse. Par son travail, l’homme ne fait que solliciter la générosité de la terre. L’industrie ne fait que transformer les richesses existantes et le commerce les transmet. Pour eux les vraies richesses doivent remplir trois conditions :

Renouvelables : c’est-à-dire qu’on peut consommer sans altérer le principe de leur reproduction. Les ressources naturelles non renouvelables ne sont donc pas des richesses pour les physiocrates.

Vendables : échangeables

Nécessaires à la satisfaction des besoins de l’homme

L’agriculture crée les richesses car elle produit un excédent appelé produit net (la différence entre richesse produite et richesse consommée est toujours positive : (1 quintal de semences pourrait donner la production de 100 quintaux).

L’ordre naturel du « tableau économique »

Le « Prince » doit se soumettre à la logique du « tableau économique ». L’ambition de Quesnay, dans son « tableau », est de décrire la circulation des richesses entre les différentes classes de la société et donc de révéler « l’ordre économique naturel ».

On y a souvent vu l’origine des comptabilités nationales. C’est davantage un petit modèle macroéconomique avant l’heure. Le modèle de Quesnay est construit à partir de trois classes définies par leur rapport au produit net : la classe productive, la classe des propriétaires et la classe stérile.

La richesse, c’est-à-dire le produit net, est donc dégagée par le seul travail agricole à la condition que les « avances foncières » (investissements) soient réalisées : il faut donc qu’en amont, la classe des propriétaires et le souverain acceptent de réaliser ces avances (mise en état des terres, assèchement des marais, construction et entretien des moyens de communication, achat du matériel et des matières premières…).

Le produit net agricole constituera alors la récompense des « avances foncières » (des investissements) et reviendra logiquement, sous forme de rente, à ceux qui ont assuré les avances, les propriétaires fonciers et le souverain. La richesse se diffuse ensuite entre les différentes classes de la société grâce aux dépenses de chacune d’entre elles.

Ce n’est alors qu’à la condition que le circuit de ces dépenses soit scrupuleusement respecté que les avances foncières peuvent être reconstituées et le produit agricole à nouveau dégagé à la période suivante. Il faut donc que chacun (et notamment les classes dominantes, propriétaires fonciers et souverains) respecte ce schéma, c’est-à-dire se soumette à l’ordre économique ainsi révélé, occupe la place et le rôle qui lui y sont dévolus.

De la même manière, c’est au titre de cet ordonnancement du tableau que les physiocrates réclament, en aval, une réforme fiscale devant conduire à l’établissement d’un impôt unique sur la rente foncière : là aussi, cela revient à convaincre l’aristocratie foncière de se plier à un ordre économique qui lui est réputé supérieur.

Bref, le Prince, et les classes qui fondent son aristocratie doivent, non plus soumettre l’activité économique à leur bon vouloir, mais se soumettre et accepter un ordre économique qui domine en importance leur pouvoir politique. Il leur revient, pour le reste, de « laisser faire, laisser passer » (liberté du commerce du grain notamment).

Structures sociales est liée à la structure économique

Les classes de la société autres que la classe agricole sont des classes stériles. Ils distinguent trois classes d’importance variable :

La classe souveraine des propriétaires fonciers : Les propriétaires fonciers ne participent pas directement à la production, c-a-d ne créent pas la richesse, mais ils jouent un rôle fondamental en assurant les avances foncières. Ils vivent des rentes que leurs versent les
fermiers.

La classe productive des fermiers : c’est elle qui crée la richesse en exploitant la terre

La classe stérile : Elle comprend toutes les personnes ayant une activité autre que l’agriculture. Elles sont qualifiées de stériles, car elles ne participent pas à la création de la richesse, elles ne font que transformer les produits que leurs fournissent les agriculteurs .

La politique économique physiocrate

La pensée physiocrate cherche à découvrir les moyens qui permettent à la société de se conformer à l’ordre naturel, condition nécessaire à prospérer. Comme toute pensée économique normative, la pensée physiocrate débouche sur une politique économique articulée autour de trois axes :

– Une politique libérale qui favorise l’échange
– Une politique de modernisation de l’agriculture
– Une politique fiscale qui n’affecte pas les conditions de reproduction

  • Une politique libérale qui favorise l’échange

A la différence des mercantilistes, les physiocrates recommandent le libéralisme. Ils sont pour le laisser faire et laisser aller. Ils recommandent la concurrence et insistent par conséquent sur la suppression des privilèges de monopole, de droits de douane et de toute mesure qui gène la libre circulation des marchandises. Ils développent des moyens et des infrastructures de communication (routes, canaux, flotte,…).

Pourquoi cette politique libérale ? Quelle est sa justification ?

Cette liberté des échanges se justifie parce qu’elle favorise la production des richesses. En effet, sur un marché plus vaste (mondial), le prix des produits agricoles est élevé, stable et non fluctuant. Ce bon prix favorise la production des richesses parce que la hausse des prix des produits agricoles accroit le produit net.

  • Une politique de modernisation de l’agriculture

Etant la seule activité qui produit des richesses, l’agriculture doit être l’objectif de la politique économique. Celle ci doit viser à la moderniser et doit veiller à ce que l’affectation des dépenses des propriétaires fonciers et de l’Etat favorise le secteur :

  • Modernisation de l’agriculture signifie la substitution du fermage au métayage, des grandes exploitations aux petites exploitations familiales et l’utilisation des techniques modernes et le salariat à la place des pratiques traditionnelles
  • l’affectation des dépenses des propriétaires fonciers et de l’Etat doit favoriser la classe productive et par conséquent les conditions de reproduction car toute augmentation de dépenses au profit de la classe productive, est considérée comme additionnelle aux avances de la classe productive, et par conséquent un accroissement de la production de richesses et partant, une amélioration du niveau de vie.

Par contre, tout excès de dépenses au profit de la classe stérile risque de réduire le montant des avances de la classe productive et partant, le montant du produit global.

L’idée essentielle qu’il faudrait retenir à ce niveau et qui est toujours actuelle, c’est que pour les physiocrates le niveau de vie est articulé aux conditions de reproduction de la richesse

  • Une politique fiscale n’affecte pas les conditions de reproduction

Pour les physiocrates, le système d’imposition est le premier facteur qui affecte négativement la production. A l’époque, la perception de l’impôt se faisait d’une manière indirecte par le biais du fermage (location du prélèvement à des financiers qui versaient par avance des sommes à l’Etat et se chargeaient de se faire rembourser auprès des populations avec des gains considérables).

Pour que l’imposition n’altère pas la production des richesses, les physiocrates proposent un impôt unique, direct et assis sur le produit net. Pour eux, toute autre forme d’impôt est susceptible de réduire le volume du produit net.

Conclusion

Les physiocrates ont contribué à la formation de la science économique. Ils ont découvert la notion de produit net et révélé le caractère stratégique de sa reproduction. Ils ont analysé et souligné le rôle primordial du capital dans la production des richesses et ont montré l’interdépendance entre les différents secteurs économiques.

Ces différents points seront développés par des auteurs ultérieurs. Mais la pensée physiocrate n’échappe pas aux erreurs dont la principale est la productivité exclusive de l’agriculture et la stérilité des autres secteurs.

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